Comment le mécanisme de compte carbone s’intègre dans les ODD des Nations Unies ?
Rappel : Les 17 objectifs de développement durable (ODD) et leurs 169 cibles (sous-objectifs) forment la clé de voûte de l’Agenda 2030. Ils tiennent compte équitablement de la dimension économique, de la dimension sociale et de la dimension environnementale du "développement" durable et intègrent pour la première fois l’éradication de la pauvreté et le développement durable dans un dispositif commun. Ils sont validés par les Nations Unies depuis 2015.
Les ODD doivent être atteints par tous les États membres de l’ONU d’ici à 2030. Cela signifie que tous les pays sont appelés à relever conjointement les défis urgents de la planète.
Nous reprenons une description par le gouvernement suisse pour y inclure les réponses du principe de compte carbone :
Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
Le mécanisme de compte carbone permet aux plus sobres d’être indemnisés pour céder des quotas demandés par les plus déficitaires. Si nous passons de 53 Gt d’équivalent CO2 (volume mondial 2020) à moins de 10 en 2050, la moyenne mondiale passe de 8t à 1t/pers/an en 2050. Le quart de la population (nous) ne pourra guère descendre au-dessous de 2t, ils devront acheter des quotas aux plus pauvres (qui sont les plus sobres) ce qui permettra d’éradiquer leur misère : si un milliard d’humains pauvres peuvent céder 0.5t/an dont le cours aura dépassé 1000$/t, c’est 1000$ pour un couple et 500 milliards $ sur la planète. C’est avec ces 500 milliards que les riches rembourseront les puits de carbone utilisés depuis deux siècles…
Le 4ème rapport du GIEC a montré la dégradation des productions agricoles sous un réchauffement de 2°C, il s’agit de 20 à 30% de pertes de cultures, on l’a vu en 2021 avec le blé dégradé de 20% et la perte évaluée en France à 10 milliards d’euros par les gelées d’avril après un mois de mars trop chaud. L’équilibre climatique protège la ressource alimentaire.
De plus, les transferts monétaires présentés au point 1 permettent de développer l’agroforesterie pour les pays les plus démunis.
Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge
L’augmentation de température provoque de l’inconfort et fait se développer des maladies sur des continents qui n’en étaient pas immunisés. Des insectes ravageurs se déploient mondialement comme le frelon asiatique ou le moustique tigre. Les études de la NASA pour les cellules spatiales ont montré les effets de la concentration de CO2 sur le cerveau : une perte de capacités de l’ordre de 15% si nous atteignons 550 ppm (envisagé pour 2050) ou 21% si nous atteignons 1000 ppm. Rappelons que nous sommes passé de 270 au 19ème siècle à 421ppm en 2021. Il s’agit des capacités de mémorisation, de vitesse de réaction, de reconnaissance… Ramener le taux de co2 à moins de 350 ppm est une nécessité de l’objectif 3 qui ne peut être obtenu que par le mécanisme de plafonnement progressif que nous portons.
Il faut des moyens pour une bonne éducation dans le monde entier. Mais aussi des actes simples comme l’obligation de compter le carbone en plus de la monnaie. La généralisation du compte carbone rendra les humains plus intelligents avec des choix sous plusieurs unités, les amenant à embrasser la complexité du monde. La croissance sera forcément limitée par le plafonnement énergétique, il faudra alors d’autres ressorts de prospérité, au sens étymologique de ce qui fait (pro) espérer (sper). Le mouvement ne sera plus porté par la gabegie fossile, mais par le besoin de connaissances, de culture, d’échanges personnels… des dynamiques qui ne peuvent s’appuyer que sur une éducation de qualité.
Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles
La prédominance mâle a commencé à s’estomper depuis 1945 mais reste marquée par des violences, des cultures religieuses, des disparités variables selon les continents. L’infériorisation des femmes est corrélée avec l’état de pauvreté qui pourra être secouru par le compte carbone. Ce mécanisme apporte aussi un avantage féminin sur les choix d’achats et de consommations, en effet elles ont l’habitude des choix multicritères ne serait-ce que pour préparer des repas. La mise en cause de l'argent par l'arrivée de la monnaie carbone peut faire basculer le patriarcat.
Le mécanisme de rationnement à mettre en place pour le carbone et les GES, est duplicable pour l’eau, il comptabiliserait non seulement l’eau directe mais aussi l’eau induite. Les ¾ de notre responsabilité humaine sur l’eau viennent des produits que nous achetons et des services publics qui ne sont pas assez attentifs. Sans attendre, le compte carbone fera déjà mieux gérer les productions de vêtements et l’alimentation sera de moins en moins carnée. Consommer un kilo de bœuf est non seulement responsable de 15 à 30 kg de CO2 mais aussi de 1000 litres d’eau en comptant les maïs et soja utilisés pour ce faire.
La comptabilisation du carbone qui est inclus dans l’électricité fossile incite naturellement à investir dans les énergies renouvelables et à continuer d’innover pour de nouvelles sources comme les centrales à thorium, sans déchets, mais négligées jusque-là parce que n’alimentant pas les filières militaires. Les éoliennes stratosphériques permettraient également un cout très bas. Enfin et surtout, le comptage entraine la sobriété, qui est la meilleure source de baisse de prix de l’énergie.
Les 17 objectifs entrainent de facto un arrêt de la croissance du PIB mais stimulent l’emploi. Le plafonnement énergétique contenu dans le mécanisme du compte carbone pourrait permettre de créer 5 millions d’emplois en France. L’emploi dans le monde est plus difficile à apprécier car il est majoritairement le fait d’autoentrepreneurs. Le moindre contenu d’énergie fossile entraine mécaniquement plus de travail humain, facteur d’emploi pour tous. La décroissance oblige les entreprises à se recentrer sur les services qu’elles apportent (cf Tim Jackson « Prospérité sans croissance », DeBoek 2017, pages 176 et suivantes) ce qui entraine plus de décence dans le travail en éliminant les activités extractives ou productivistes.
Le compte carbone est facteur d’innovation par son effet de levier : si 100% des consommateurs, stimulés par la diminution de 6% chaque année, sélectionnent les produits les moins carbonés, les entreprises doivent rivaliser de créativité pour décarboner leurs produits et services. C’est une des principales raisons pour la création de 5 millions d’emplois en France. Simultanément, l’exigence de mobilité douce entraine des investissements d’infrastructure ferroviaire et énergétique. Pour tous les investisseurs, la durée de vie devient un critère important, renforçant la résilience des investissements.
Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre
Le mécanisme de compte carbone permet aux plus sobres d’être indemnisés pour céder des quotas demandés par les plus déficitaires. Si nous passons de 53 Gt d’équivalent CO2 à moins de 10 en 2050, la moyenne mondiale passe de 8t à 1t/pers/an en 2050. Le quart de la population (nous) ne pourra guère descendre au-dessous de 2t, ils devront acheter des quotas aux plus pauvres (qui sont les plus sobres) ce qui permettra d’éradiquer leur misère : si un milliard d’humains pauvres peuvent céder 0.5t/an dont le cours aura dépassé 1000$/t, c’est 1000$ pour un couple et 500 milliards $ sur la planète. C’est avec ces 500 milliards que les riches rembourseront les puits de carbone utilisés depuis deux siècles…
Le comptage du carbone stimule la prudence et la recherche d’autonomie alimentaire par des productions locales à moindre transport. L’usage illimité et inconséquent des transports avec énergie fossile a dispersé les sources indispensables aux villes et régions. L’abandon de ces transports remet les territoires au cœur de leur sécurité et de leur durabilité.
Établir des modes de consommation et de production durables
La forme de décroissance qu’entraine le mécanisme de compte carbone concentre nos consommations sur l’essentiel, sur ce qui fait sens, et rend heureux simplement dans le respect des limites planétaires, sur ce qui renforce le lien entre les proches (observé comme facteur n°1 dans les critères de bonheur).
Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions*
C’est le cœur du mécanisme de compte carbone par ses quotas individuels qui sont réduits de 6% chaque année.
Cela entraine le premier effet mécanique garanti, puisque 30 fois 6% font une réduction de 86%, permettant la neutralité en 2050 et le retour à moins de 400 ppm CO2 avant 2080.
Un des pires effets du réchauffement climatique est l’échauffement des océans et l’acidification des eaux du monde (acidification par dissolution pour former H+CO3), le compte carbone a donc une efficacité physico-chimique pour protéger l’équilibre océanique.
Il entraine aussi des choix de consommation vers plus de végétal et moins de poisson.
Il peut pousser à créer des fermes d’algues comme le Kelp (très forte séquestration CO2) qui peuvent abriter une biodiversité régénérée.
Le compte carbone incite à séquestrer davantage de carbone dans des espaces ré-ensauvagés (forêts, marécages, tourbières, haies…) et à stopper l’artificialisation des sols.
Il peut participer à limiter la production bovine à uniquement les prairies, en éliminant la production industrialisée. En ce cas, les prairies contribuent à la séquestration, surtout si on les quadrille de haies sauvages.
L’ensauvagement entraine une plus grande biodiversification.
Le plus grand risque porté par le réchauffement climatique est celui de la barbarie qui suivrait les migrations massives et les pertes de ressources. Le compte carbone s’affiche objectivement comme un facteur de paix !
Il corrige aussi une injustice qu’avait pointé Anil Agarwal « à qui appartiennent les puits de carbone ? » Quelle injustice de voir les occidentaux générant le plus de Gigatonnes de CO2, profiter des océans, des forêts, des zones sauvages des pays en développement, qui sont les premiers impactés par les dérèglements climatiques.
Enfin le compte carbone oblige à une coordination internationale des agences carbone qui se trouvent engagées dans un partenariat irréversible, créant ainsi une nouvelle gouvernance mondiale pour que résiste l’habitabilité de la planète.
Ce que propose le mécanisme de compte carbone, c’est une alliance de tous les terriens pour comptabiliser ensemble ce qui n’était qu’accessoire et qui est devenu vital, le réduction des gaz à effet de serre !
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